L’avortement reste un acte de santé autorisé en Côte d’Ivoire qu’en cas de viol ou pour sauver la vie de la femme enceinte. Les autres raisons ne trouvent pas grâce devant la loi. Ainsi, l’avortement et la tentative d’avortement sont punis par la loi ivoirienne selon le nouveau code pénal de 2019 en ses articles 425 et 426 pour des peines allant de 1 à 20 ans. Pourtant, quand les jeunes femmes sont face à des grossesses indésirées, elles se font avorter quand même au péril de leur vie.

Lisons cette fiction racontée par Gbané Yacouba, influenceur ivoirien, auteur de la page facebook GBANEY.


J’étais cette fille innocente qui avait le monde à ses pieds. J’étais belle et j’avais des yeux et des hanches qui pouvaient faire chavirer le cœur des hommes, et pour couronner le tout, j’étais une croyante, une très bonne croyante avec un cœur brûlant pour Dieu.

Quand je suis entrée à l’Université, j’ai rencontré un garçon, son nom était Derrick. Je ne pouvais pas croire à ma chance, la première fois que je l’ai croisé en allant en cours. Il avait un sourire si gentil et un regard tendre qui affaiblissait mes genoux quand il parlait.

Parce que j’étais en retard pour les cours, nous n’avons pas beaucoup parlé, mais à peine trois semaines plus tard, je l’ai revu dans une soirée organisée par les étudiants de la promotion sortante. Nous avons discuté et j’ai découvert qu’il était dans sa deuxième année et à partir de cette nuit-là, nous sommes devenus un couple inséparable.

Au début, nous nous sommes amis et au fil des mois, nous nous sommes rapprochés et étions devenus intimes. Alchimie entre nous était indéniable.

Environ un an après mon entrée à l’université, Derrick et moi avons commencé à sortir ensemble. Il était tout ce qu’une fille pouvait désirer, sauf le fait qu’il n’était pas tellement croyant.

Derrick avait des mains magiques, je ne pouvais pas lui résister et la plupart du temps je lui offrais mon corps. Et puis un jour, une de mes amies a dit que je devenais plus grosse et cela m’a fait réfléchir. J’ai eu une période de vomissements tous les matins que je pensais être due à une grippe et une bonne période de stress à cause du retard de mes menstrues. Oh non ! ça ne peut pas être ça ! Ce n’est pas possible je me suis dit, je ne pouvais pas être enceinte!

Après une série de tests de grossesse en dehors de l’université, le résultat était clair… j’étais effectivement enceinte.

Je n’avais que dix-neuf ans, j’avais encore toute une vie devant moi, qu’allais-je faire?

Je ne pouvais pas le dire à mes parents, ils n’allaient pas me le pardonner. J’ai dû aller voir Derrick pour lui dire ce que j’avais découvert. En lui disant, je l’ai vu voler dans un tempérament que je n’avais jamais vu. Il était tellement hystérique, me traitant de toutes sortes de noms. Je ne savais même pas quand j’ai commencé à pleurer, coulant des larmes de douleur et de trahison.

Quand il m’a regardé, il a dû réaliser à quel point j’étais effrayée et blessée. Il m’a donc attiré près de lui et a passé ses mains dans mes cheveux jusqu’à ce que je me sois calmée, puis il m’a dit de la voix la plus subtile.

“Pourquoi ne pas avorter?”.

Je me suis retirée instantanément, je ne pouvais pas avorter!

Mais quand il a parlé de mes parents et de la sanction de l’université et de la fraternité à laquelle j’appartenais, je savais que je n’avais pas d’autre choix.

Derrick avait fait tous les arrangements et le jour d’avorter était arrivé. Nous sommes allés dans une clinique. J’ai frissonné tout au long du chemin mais Derrick a continué à me dire que tout irait bien et qu’il était fier d’avoir pris une décision aussi courageuse.

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Quand je suis entrée dans la pièce où l’avortement devait avoir lieu, je me suis allongée sur la table en essayant de dissocier mon esprit de ce que j’allais faire et puis le médecin m’a dit sévèrement, “Tu sais que je ne peux pas effectuer cette procédure avec tes sous-vêtements” et puis j’ai commencé à les retirer.

Alors que je faisais cela, un sentiment de culpabilité m’a submergé, j’ai d’abord enlevé mes sous-vêtements pour le plaisir et maintenant je les retire pour me débarrasser de la stigmatisation que le plaisir m’avait apportée… Je me sentais si exposée.

Tout au long des moments où j’ai senti des instruments entrer et sortir de moi, je n’ai cessé de penser à la femme que j’étais devenue.

J’ai passé des jours et des nuits à penser à l’acte que j’avais posé depuis que j’avais ôté mes sous-vêtements.

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Comment cela est-il arrivé à moi qui était une fille si sage et studieuse?

J’aurais pu y laisser ma vie. Puis je me suis ressaisie après un bon moment d’angoisse et de culpabilité pour poursuivre mes études. J’avais du mal à garder ce lourd secret pour moi seul et je me suis confiée à une aînée qui m’a réconfortée.